
Le 11 février 2024, impossible d’échapper à l’événement qui électrisait tout un continent : la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, opposant les Super Eagles du Nigeria aux Éléphants de Côte d’Ivoire. Un duel de géants disputé dans un stade Alassane Ouattara d’Ebimpé en fusion, sous les yeux de 60 000 spectateurs surexcités.

Sur le papier, l’affiche avait tout pour être équilibrée. Après tout, les deux équipes venaient du même groupe A. Mais si le Nigeria avait traversé la compétition avec la tranquillité d’un chef d’État en visite officielle – phase de poules maîtrisée, victoire sans bavure contre le Cameroun en huitièmes, domination de l’Angola en quarts, qualification contre l’Afrique du Sud en demi-finales – la Côte d’Ivoire, elle, avait choisi une approche plus… dramatique.
D’abord, une humiliation mémorable face à la Guinée équatoriale (4-0 !), histoire de tester la patience des supporters. Ensuite, une qualification miraculeuse grâce à un coup de pouce du Maroc (merci les Lions de l’Atlas !). Puis, comme si ça ne suffisait pas, un changement de coach en plein tournoi, Jean-Louis Gasset étant remercié au profit d’un Emerse Faé promu en urgence. Autant dire que personne, absolument personne, ne misait sur les Éléphants à ce stade.
Et pourtant…
D’un incroyable sursaut d’orgueil la Côte d’Ivoire s’offre le scalp du Sénégal, champion en titre, dans un huitième de finale aux allures de film hollywoodien. Puis, elle joue avec les nerfs de ses supporters contre le Mali avant de l’emporter in extremis. Enfin, elle bat plus sereinement la RDC en demi-finale. À ce stade, le doute n’était plus permis : quelque chose d’incroyable était en train de se produire.
Une finale déjà écrite ?
Bien sûr, le Nigeria abordait cette finale en toute confiance. Normal, ils avaient déjà battu la Côte d’Ivoire en phase de groupes (1-0), et sans forcer. Un bis repetita semblait donc inévitable. Mais avec ces Éléphants-là, rien ne se passait jamais comme prévu.
Dès le coup d’envoi, dans une atmosphère en fusion, les Ivoiriens montrent qu’ils ne comptent pas revivre le même cauchemar qu’en phase de groupes. Portés par un Simon Adingra en feu, ils attaquent, dominent, bousculent… mais ne marquent pas. Parce que ce serait trop simple.
Et comme souvent dans ces cas-là, c’est l’adversaire qui frappe en premier. Sur un corner anodin, le capitaine nigérian William Troost-Ekong s’élève au-dessus de Serge Aurier et plante une tête imparable. 1-0 pour le Nigeria. Logique.
Mais ce qui aurait pu ressembler à un coup fatal pour n’importe quelle autre équipe n’était qu’un petit désagrément pour ces Éléphants increvables. Après tout, ils avaient déjà survécu à pire.
Au retour des vestiaires, la Côte d’Ivoire appuie sur l’accélérateur. Plus question de tergiverser : les vagues orange se multiplient, la défense nigériane souffre. Et à force de pousser, l’inévitable se produit. Sur un corner millimétré de Simon Adingra, Franck Kessié place une tête imparable : égalisation !
Le stade explose. Les supporters ivoiriens sont en transe. Le Nigeria, lui, commence à comprendre que cette finale est en train de leur échapper.
À ce moment-là, tout le monde sait comment cela va se terminer. Reste juste à savoir à quelle minute le destin frappera.
81ᵉ minute : Simon Adingra, insaisissable, déborde sur son côté gauche et centre. Sébastien Haller, en renard des surfaces, tend le pied et dévie le ballon au fond des filets. 2-1 pour la Côte d’Ivoire !

Game over.
Douze minutes plus tard, l’arbitre siffle la fin du match. La Côte d’Ivoire, au bord de l’élimination quelques jours plus tôt, est championne d’Afrique. Incroyable ? Pas tant que ça, finalement. Après tout, ce tournoi avait déjà prouvé qu’avec ces Éléphants-là, l’impossible n’existait pas.
Un an plus tard, cette victoire reste gravée dans la légende du football africain. Une CAN pas comme les autres, remportée par une équipe qui a préféré se compliquer la vie avant d’embrasser la gloire.
Sacré Ange
