Comme dans plusieurs aspects de la vie, le football est souvent le théâtre de situations malencontreuses qui donnent matière à réflexion. Du sommet à la déchéance, de la gloire à l’humiliation, et bien souvent de l’admiration au dédain, le football est une escalade émotionnelle. Cette dynamique est parfaitement illustrée par les vives réactions après la défaite de la Côte d’Ivoire face à la Sierra Leone. En effet, Éric Bailly, auteur d’un bon début de saison avec Villarreal, a naturellement été sélectionné par Emerse Faé pour la trêve internationale d’octobre, pour le plus grand bonheur de certains et au grand dam d’autres, pour diverses raisons.
Ce retour en sélection, qui aurait dû être une occasion de rédemption pour Bailly après le fiasco de N’dola, s’est finalement transformé en mini-cauchemar. La raison ? Une « erreur » qui a conduit à la première défaite de l’ère Emerse Faé après 11 matchs. Le match, disputé sur une pelouse problématique, est sans doute l’un des pires de l’histoire des Éléphants. Cette défaite a retardé la qualification de la Côte d’Ivoire pour la CAN 2025. Éric Bailly, très attendu, est devenu la cible de critiques virulentes sur les réseaux sociaux. Les commentaires, souvent très durs, donnent l’impression qu’il s’agit d’un piètre footballeur qui n’a jamais rien accompli de positif. Au-delà des critiques légitimes, c’est un véritable acharnement qui s’est abattu sur le champion d’Afrique 2015.
2015, l’année de la consécration pour Éric Bailly lors de la Coupe d’Afrique en Guinée Équatoriale. Cette compétition, qui s’est soldée par le deuxième sacre des Éléphants, a vu l’émergence d’un Bailly flamboyant, qui s’est imposé comme l’une des coqueluches du public ivoirien. Il avait alors pris les rênes de la défense, succédant à Kolo Touré après son départ à la retraite. Autrefois indispensable dans la défense ivoirienne, Bailly l’est aujourd’hui moins avec l’émergence de jeunes talents tels que Ndicka, Kossounou, Agbadou ou encore Diomandé Ousmane. Bien que ses performances ne soient plus ce qu’elles étaient, Éric Bailly mérite le respect, surtout de la part des « amnésiques du football », qui, sans doute, le couvriront de louanges lorsqu’il annoncera sa retraite, comme cela arrive si souvent avec d’autres grands joueurs.
Le constat est clair : en football, seul l’instant présent compte, car ce sport n’a pas de mémoire.
Sacré Ange