
Récent vainqueur de la super D3 et promu en Ligue 2 avec l’Entente Sportive d’Agboville, le Président Sawadogo Moussa nous a reçu pour une interview dans ses quartiers à Agboville ce mercredi 14 juin 2023. Dans sa vision après cet exploit, celui qu’on surnomme « Abrahamovic » projette déjà des ambitions professionnelles et rêve surtout d’une montée en Ligue 1 la saison prochaine.
Veuillez-vous présenter à nos lecteurs.
Je me nomme Sawadogo Moussa dit “Abrahamovic“ et au niveau du cacao, on m’appelle “Moussa Cacao“. Je suis le Président de l’Entente Sportive d’Agboville (ESA)
Quelle analyse faites-vous de cette montée de l’Entente Sportive d’Agboville, à la surprise générale qui quitte le cercle des amateurs pour rejoindre celui des professionnels en Ligue 2 ?
Aujourd’hui c’est vraiment une surprise, ça fait la 5ème année qu’on finit deuxième du championnat. On rate la montée toujours d’un point ou par la différence de buts. Cette fois-ci ce n’était vraiment pas facile mais heureusement, après le premier tour, on a été premiers avec beaucoup de points de plus que le deuxième, ce qui nous a vraiment surpris. Par la suite on a fait que gagner les matchs. Arrivé au carré d’as, il y avait les quatre meilleures équipes et c’était vraiment difficile. Mais les enfants ont compris qu’il fallait se donner et que le travail doit être fait. Pour cela on les a encouragés ainsi que les entraineurs. Même pour nous ce n’était pas facile mais avec le courage nous y sommes arrivés. Au moment où les enfants ont commencé à faire preuve de discipline, en respectant et en écoutant, j’ai compris que c’était quelque chose qui allait se faire.
Donc pour vous c’est la discipline des joueurs qui a fait la différence ?
Oui, c’est ce qui a fait la différence. Parce que quand tu as un groupe et qu’il n’y a pas de discipline et de respect, c’est difficile. Cette discipline vers la fin a montré que les enfants avaient vraiment le courage et l’envie de gagner. Le dynamisme dont ils ont fait preuve nous a apporté ce résultat.
Expliquez-nous votre parcours, de la D3 amateure vous passez aujourd’hui à la Ligue 2 professionnelle.
Maintenant que nous passons de la D3 à la Ligue 2, je pense que c’est le moment de tout professionnaliser. De discuter véritablement avec les techniciens qui vont encadrer les joueurs, prendre des joueurs qui sont à la hauteur parce qu’il ne faut pas venir pour figurer, mais pour vraiment travailler et exister. Je pense qu’on va trouver les moyens pour les encadreurs pour que les joueurs qui seront là soient des joueurs de haut niveau et qu’ils soient aussi à l’aise pour jouer. Pourquoi pas ? Nous sommes venus aussi pour monter en Ligue 1 et si ça ne marche pas, se maintenir. Ce qui m’intéresse surtout c’est la montée. Si jamais ça ne se fait pas, ce sera l’œuvre de Dieu mais nous ferons tout pour ne pas redescendre en Ligue amateure. Par ce que la Ligue amateure c’est le plus difficile des championnats. La D3 ce n’est pas facile, c’est plus difficile que la Ligue 2 et la Ligue 1.
Où allez-vous recevoir vos matchs en Ligue 2 ?
Je tiens à remercier le grand frère Salif Bictogo qui a permis qu’on joue sur son terrain à Agboville. Je ne sais pas si le terrain est homologué pour la Ligue 2, si c’est le cas, nous comptons rester ici à Agboville. Si non, on sera obligés de jouer ailleurs. Je suis en train de voir avec les autorités de la ville notamment monsieur le Ministre de la santé Dimba Pierre et le monsieur le Président de l’Assemblée Nationale Adama Bictogo qui est un passionné de football. Il y a le terrain municipal qui est là, il suffit de revoir les gradins et aussi mettre les vestiaires pour qu’on puisse jouer même la Ligue 1. Je pense que c’est avec les autorités que nous allons trouver une solution à cela.
Quand vous jetez un regard dans le rétroviseur depuis votre prise de fonction dans le club jusqu’à aujourd’hui quelle analyse faites-vous ?
Quand j’ai pris le club depuis 2015, je vois qu’il y a des changements d’années en années. Le jour où le match pour la montée passait à la télé, toute la ville d’Agboville était calme. J’ai réalisé que la population était autour de cette équipe. Aujourd’hui la population d’Agboville a besoin d’un club dans le haut niveau. A la tête de cette équipe j’ai amené beaucoup de changements. Pour la montée j’ai fait venir des instructeurs de la France. J’ai eu un partenariat avec la 5ème adjointe au maire chargée des sports de l’île Saint-Denis qui invite même le club à Paris quand il y aura les Jeux Olympiques en 2024. Aujourd’hui elle est en train de me trouver des sponsors, je pense que c’est tout ça qui va nous amener loin. Vers la fin de la super D3, vous avez vu qu’il y a eu de l’engouement, c’est grâce à ces instructeurs qui sont venus parler, former les jeunes et entraineurs et c’est ce qui a favorisé cette montée. Ces instructeurs reviendront. On a trouvé d’autres instructeurs qui viendront former les enfants sur les coups francs par exemple. Depuis que je suis à la tête de ce club, je suis en train de former. J’ai des pépites, j’ai des moins de 18 ans, 17 ans, 16 ans et 15 ans. Je suis aussi en quête d’un entraineur pour les filles pour la Ligue féminine parce que je veux professionnaliser le travail que nous faisons ici.
Si on comprend bien l’objectif majeur pour l’Entente Sportive d’Agboville sera la montée en Ligue 1 ?
L’objectif c’est la montée en Ligue 1 et aussi mettre quelque chose de professionnelle en place, des plus petits aux plus grands. Aujourd’hui nous avons pris un espace de 32 hectares sur lequel on veut mettre des terrains parce que c’est ce qui manque ici en termes d’infrastructures. Donc sur cet espace de 32 hectares, nous allons faire au moins quatre terrains de football ainsi que d’autres infrastructures pour abriter les joueurs en plus d’une école à l’intérieur pour former les enfants. Parce qu’il n’y a pas que le football, les enfants doivent aussi aller à l’école. Il faut vraiment organiser le football en Côte d’Ivoire. On ne vient pas au football pour compter sur la subvention de la fédération. Il faut être sûr d’avoir des partenaires qui vont pouvoir t’accompagner. Seul, même si tu es un milliardaire c’est difficile. Donc notre objectif, c’est la montée en Ligue 1 et nous allons travailler pour cela.
Quel est votre message à l’endroit de tous les supporters de l’Entente Sportive d’Agboville ?
Je ne peux que dire merci surtout aux supporters d’Agboville qui étaient comme une seule personne, ils étaient même plus que les encadreurs sur le terrain. Ce qui m’a beaucoup plu c’est quand on faisait les entraînements, c’était comme si nous étions aux matchs. Je tiens à leur dire merci pour leur soutien, leur présence au terrain. Aussi, aux autorités de la ville que j’ai citées tantôt, monsieur le Ministre et monsieur le Président de l’Assemblée Nationale. Aussi, aux cadres de la ville, surtout monsieur le Préfet d’Agboville qui est tout le temps à nos côtés pour savoir si tout va bien et qui n’hésite pas à appeler les autorités en cas de souci, je tiens à lui dire merci. Merci à tout mon staff administratif et technique pour le travail abattu. Aujourd’hui nous sommes en Ligue 2 et c’est maintenant qu’on a le plus besoin d’eux.
Salia Dramé
